Le changement est.

Nous sommes en 1998. J'ai treize ans. Je regarde encore et encore le livret qui se trouve à l'intérieur de mon premier CD. J'ai eu une mini-chaine il y a quelques mois et ce doit être l'objet le plus merveilleux que je n'ai jamais vu. Comme il est 21h et que mes parents viennent de m'envoyer me coucher, je n'ai pas sommeil. Alors je m'occupe comme je peux, en me disant que moi, quand j'aurai des enfants, je ne les enverrai pas se coucher s'ils n'en ont pas envie, et encore moins sous le prétexte saugrenu que "demain, il y a école."

Nous sommes en 2008. Ma petite soeur a treize ans. Elle regarde un épisode d'une de ses séries préférées à la télévision. Comme il est 23h et que mes parents sont couchés, elle en profite un peu. Alors que la télévision suffirait à retenir l'attention d'un enfant du 20e siècle, elle fait une partie de Solitaire sur l'ordinateur en même temps. Mais, cette fenêtre n'occupant qu'une partie de l'écran, elle se dit qu'elle peut bien regarder un autre épisode d'une autre de ses séries préférées, pendant la coupure pub de la télévision, tout en jouant au Solitaire. Et dans le cas où elle recevrait un message urgent d'une copine, et elle en reçoit, son téléphone portable est posé sur le bureau, juste à côté d'elle.

"Le changement est." (François Dupuy, Sociologie du changement)